QUELQUES CHIFFRES ET INDICATEURS AUJOURD’HUI

09/06/2020

1. Un secteur dépendant des technologies et de l'énergie

Le secteur du transport représente environ 20% des émissions globales de GES. Il est l'une des activités humaines les plus émettrices.

À l'échelle du secteur des transports, l'aviation est le second plus gros contributeur  après les véhicules terrestres (voiture, camions...). Rapporté à l'ensemble des activités humaines, l'aviation ne représente que de 2 à 4% des émissions  (variabilité selon les études). 


159 litres, c'est la quantité de pétrole que contient un baril, où près de 10% seront réservés à la production de kérosène, principal combustible utilisé par le secteur de l'aviation.



En raison des temps industriels très longs liés au développement de nouvelles technologies, le secteur du transport aérien est véritablement dépendant des énergies fossiles. En 2020, ce secteur est clairement dans l'impossibilité de trouver une autre alternative au pétrole.

Par ailleurs, pour qu'une motorisation de dernière génération arrive à maturité, il faut compter une quinzaine d'années. Comme nous l'avons vu, les avions sont dans l'obligation d'utiliser des énergies fossiles qui, une fois brûlées, produisent des émissions. Idéalement, une combustion parfaite serait émettrice que de certaines molécules notamment: CO2, H2O, N2, O2 et SO2. Les technologies actuelles n'optimisent pas encore pleinement cette combustion, ce qui la rend imparfaite. Ce défaut génère des polluants additionnels (NOx, HC, CO, carbones suies et SOx), qu'il faut rajouter aux produits de combustion initiaux et qui engendrent une pollution supplémentaire.

Sans être catégorique, nous pouvons dire que ces émissions mesurables ont des effets directs et vraisemblablement indirects sur l'atmosphère de notre planète.

  • Gaz à effet de serre additionnel émis par l'aviation : CO2, H2O (vapeur), ozone (O3), méthane (CH4).

  • Effets indirects liés à la création de condensation, générant une effet potentiellement négatif sur le forçage radiatif.

  • auxquels s'ajoutent certains effets inconnus : accumulation, dégradabilité... 


Le tableau ci-dessous récapitule les principaux effets de ces composés sur la troposphère (couche atmosphérique de 0 à 12 km d'altitude en moyenne) et sur la stratosphère (de 12 à 50 km d'altitude en moyenne) :

Pour autant, des leviers existent pour réduire les émissions du secteur. Nous aborderons ce point dans le compte rendu de la web-conférence organisée par le think tank le shift project. Certains de ces leviers peuvent d'un point de vue extérieur paraître réalistes et réalisables, il n'en demeure pas moins que les compagnies aériennes sont vivement dépendantes de facteurs exogènes (constructeur d'avion, motoristes, fournisseurs de carburant, infrastructure aéroportuaire, réglementation internationale, politique publique, consommateurs...), qui ne répondent pas nécessairement aux mêmes temporalités.

Voici une liste non-exhaustive d'exemples:

  • L'électrification de certaines infrastructures au sol (tapis de déchargement).

  • La Taxiing électrique permettant d'implanter des moteurs électriques dans les trains d'atterrissage pour propulser l'avion au roulage.

  • Une réduction du poids des équipements embarqués.

  • L'éducation des pilotes et du personnel naviguant.
  • Une sur-optimisation des routes, des altitudes de vols, et de la gestion du temps de vol. Il semble exister un arbitrage entre temps de vol et consommation de carburant.

  • La structuration de filières de biocarburants. Actuellement, ces derniers ne semblent pas encore suffisamment performants pour venir concurrencer le kérosène. Par ailleurs, ils viendraient concurrencer le secteur agro-alimentaire du fait d'une sur mobilisation de terre agricole. La question du dessein de l'agriculture est elle-même très présente dans ce débat, à l'heure d'une refonte et d'une massification des exploitations.

  • Des avions encore plus légers pour moins consommer. Un avion a un cycle de vie qui se situe entre 10 à 15 ans pour une compagnie aérienne. Par la suite, ce dernier est revendu.

  • Des propulsions hybrides (une motorisation plasma/électrique est en test en chine actuellement), exploitant de nouvelles sources alternatives d'énergie (hydrogène).

  • Le vol orbital et sub-orbital: space X serait-il l'avenir?

  • La propulsion solaire. A ce stade expérimentale, ce type de propulsion n'est pas exploitable pour les gros porteurs (poids/rendements).


2. La compensation carbone: une mesure nécessaire pour répondre à la croissance mondiale du transport aérien


Dans un monde globalisé et interconnecté, avec une classe moyenne explosant dans les pays d'Asie du Sud Est, le secteur du transport aérien était en pleine croissance avec le stop covid. Sera-t-il toujours le cas par la suite?

Selon l'Organisation de l'aviation civile internationale des Nations Unies (OACI) et les statistiques émanant de son rapport annuel 2018, le nombre total de passagers transportés sur des services réguliers en 2018 est passé à 4,3 milliards, ce qui représente une augmentation de 6,4 % par rapport à 2017.

A horizon 2040, ce nombre pourrait atteindre environ 10,0 milliards.

Voici une vision des variations par région


3. Un cadre réglementaire européen contraignant les secteurs émetteurs, dont le secteur aérien depuis 2012.

Contrairement aux autres régions du monde, l'Europe a mis en place un cadre réglementaire relativement strict pour contrôler les émissions carbones de ses acteurs économiques. L'Europe fut la première à mettre en place un système permettant l'échange de quotas d'émissions (SEQE) ou de permis d'émissions négociables (Emissions Trading Schemes - ETS). Ces outils réglementaires sont supposés lui permettre d'atteindre tout ou partie des objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES).

Initialement mis en œuvre pour faciliter l'atteinte de l'engagement de l'Union européenne au titre du Protocole de Kyoto (directive 2003-87-CE), le SEQE a été pérennisé dans le cadre du paquet énergie-climat de mars 2009 adopté à la fin de l'année 2008 sous présidence française.

Ce marché d'un nouveau doit permettre de mesurer, contrôler et réduire les émissions de différents secteurs très émetteurs. Déployé par étapes progressives, ce système a intégré de nouveaux secteurs et de nouveaux pays:

  • 1re phase de trois ans (2005-2007),

  • 2e phase de cinq ans (2008-2012),

  • 3e phase de huit ans (2013-2020),

  • 4e phase de dix ans (2021-2030).

Depuis cette période, le système européen d'échange de quotas s'applique à plus de 11 000 installations (production d'électricité, réseaux de chaleur, acier, ciment, raffinage, verre, papier, etc.) et couvre près de 45 % des émissions de gaz à effet de serre de l'UE. Dans ce cadre, les entreprises assujetties ont la possibilité d'échanger des quotas sur le marché européen des quotas d'émission :

  • une installation qui émet plus que son allocation doit se procurer les quotas manquants, c'est le principe pollueur-payeur ;

  • une installation qui émet moins que son allocation peut revendre ses quotas non utilisés et bénéficier ainsi de revenus, qui sont mobilisables par exemple pour financer des investissements lui permettant de maîtriser ses émissions.

Le secteur du transport aérien ne déroge pas à la règle puisqu'il a été intégré dans ce système à la fin de la phase 2 (fin 2012). Le périmètre couvert par cette réglementation concerne exclusivement les vols intra-européens.

La phase 3 arrive à échéance en 2021, ce qui nous permettra d'introduire le système CORSIA qui vise à réduire et compenser les émissions carbones de l'aviation à l'échelle internationale . Dès 2019, tous les opérateurs de tous les pays doivent déclarer les émissions carbones de leurs vols internationaux.

4. Du marché carbone européen portant sur les vols européens au système de réduction et de compensation des vols internationaux: CORSIA


A noter sur ce point, que ces deux systèmes ne semblent pas avoir les mêmes fondements, en témoigne la sémantique. En effet, le système CORSIA est claire: mesurer pour compenser les émissions liées aux vols internationaux. Le marché Européen avait avant tout pour objectif de contrôler puis de réduire les émissions en contraignant les acteurs économiques les plus émetteurs.

Le système CORSIA est un régime mondial de mesures pour compenser les émissions de CO2 de l'aviation internationale afin de stabiliser les niveaux de ces émissions à partir de 2020. Pour compenser les émissions de CO2, les exploitants d'avions vont acquérir et annuler des unités d'émissions provenant du marché mondial du carbone".

En tant qu'émanation des Nations Unies, l'OACI a pour objectif d'inscrire l'aviation internationale dans une démarche respectueuse de 14 des 17 ODD de l'ONU, pour réduire les émissions du secteur. A cette fin, deux principales lignes directrices ont été dressées par cette institution:

  • Favoriser l'amélioration des rendements du carburant de 2 % jusqu'en 2050;

  • Tendre vers une croissance neutre en carbone à partir de 2020.

Pour mettre en œuvre ce programme, l'OACI entend agir sur:

  • La technologie et les normes liées aux aéronefs;

  • L'amélioration de la gestion du trafic aérien et les améliorations opérationnelles;

  • Le développement et la distribution de carburants d'aviation durables; et enfin,

  • Le système CORSIA 

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