Ouverture et nouveaux nœuds 

09/06/2020

On observe un sursaut de la controverse avec la situation post-covid. Plusieurs nœuds émergent

  • Sur la question des aides d’États : "cette petite musique est devenue assourdissante au fur et à mesure que l'épidémie de Covid-19 étendait son voile noir sur toute la planète : une multitude de compagnies aériennes vont disparaître. Elles ne pourront pas résister à plusieurs mois d'inactivité. Dès le 24 mars, Alexandre de Juniac, directeur général d'Iata, la fédération internationale des transporteurs aériens, lançait un avertissement solennel: «En moyenne, le secteur a encore des liquidités pour deux à trois mois. Au-delà de juin, je crains que la moitié des compagnies aériennes ne soient susceptibles de faire faillite»" - Le Figaro.

  • Sur la question des interconnexions liées aux HUB internationaux : le transport aérien est un incroyable  vecteur augmentant la vitesse de propagation des pandémies à l'échelle mondiale. Ainsi, les plate-formes de correspondance aéroportuaire ou Hubs internationaux qui  interconnectent le monde fournissent aux virus les moyens de se déplacer sur le globe. Face au Covid 19, l'une des premières réactions a été de suspendre l'accès à ces infrastructures, pour contrôler les flux entrants sur nos territoires.

  • Sur la question d'un changement de paradigme : des germes de changements sont observés concernant l'émergence de circuits touristiques courts et "slow" tourisme : suppression des lignes domestiques courtes au profit du train et discours sur la préférence économique au consommer local. Par ailleurs, les pandémies viennent requestionner les modèles de développement fondés exclusivement sur le tourisme de masse et le transport carboné à bas coûts. Ainsi, y-t-il encore un avenir aux week-end éclairs dans une ville européenne lorsqu'il faut prendre l'avion, ou aux voyages de très courtes durées à de très lointaines distances? Cette question nous amène à réfléchir sur notre rapport au temps.

  • Le transport aérien et les technologies modernes questionnent notre rapport au temps: dans un monde interconnecté, où tout doit aller vite, prendre le temps et avoir le temps est l'apanage d'une population riche. Il est intéressant de constater que si l'on rencontre autant de français à l'étranger malgré la petite taille de notre population à l'échelle mondiale, c'est que le français est globalement riche en argent et en temps. La question reste donc ouverte sur ce qui pourrait être un clivage sociétal entre ceux qui bénéficient de leur temps et ceux qui seraient susceptibles de s'en voir privé. La conférence du shift project a ouvert ce point, en démontrant que le temps du voyage est un élément parfaitement intégré pour organiser nos séjours à l'étranger ou en France. Ainsi, un temps de transport raisonnable ne saurait dépasser quelques heures. Est-on prêt à reprendre plusieurs jours pour expérimenter le temps du voyage?
  • Qu'est-ce-que signifie voyager en 2020?

  • Sur les questions de l'urgence d'agir et du sens de "l'aviation" : au-delà de la compensation, il y a là la démonstration d'un appel à repenser l'économie dans son ensemble. Dans ce contexte, l'avion, en tant que symbole de modernité, reflète un usage qui questionne. La conférence du "Shift project" rappelle que le sursaut technologique ou les biocarburants ne sont pas une option aujourd'hui et que nous ne pourrons pas faire l'économie d'un changement de rapport à l'objet avion.

  • Un changement de paradigme dans nos rapports à la diplomatie et à la souveraineté: Air France n'est pas qu'une simple société. Elle est aussi un comptoir permettant de rendre visible la France partout dans le monde à travers sa présence et les destinations desservies. Dans un contexte de relations internationales en perpétuel évolution, et de l'omniprésence d'une guerre économique, la compagnie aérienne est synonyme de représentation... Tel un outil de communication, elle s'inscrit dans l'inconscient des populations pour porter les couleurs et les valeurs d'un pays. Il va s'en dire, que la disparition des lignes intérieures en France, n'est peut-être qu'un épiphénomène, notamment du fait même d'une absence de rentabilité. Qu'en serait-il si demain, Air France ne pouvait plus desservir une destination en Asie, en Afrique, en Amérique? Que se passerait-il si pour se rendre dans ces pays, nous étions soumis aux règles d'une unique compagnie étrangère? Telle une ambassade, l'avion est une projection de notre territoire à l'étranger, même si ce dernier reste cantonné à l'aéroport. Il est intéressant de constater que la compagnie aérienne nationale est plus qu'une entreprise, elle est plus qu'un outil économique. Elle est peut être avant tout un outil géopolitique, stratégique d'une souveraineté ébranlée, vecteur d'indépendance et de liberté. Nous pourrions nous questionner sur le prix de cette liberté, pour la France, pour les français face aux enjeux liés au changement climatique. Nous pourrions nous poser la question de notre rapport au monde sans pour autant favoriser l'omniprésence du déplacement? Nous pourrions nous poser la question du rayonnement d'un pays, qui ne pourrait plus voler?  La période du Covid 19 mérite de questionner notre rapport à l'emprise que la France peut exercer à travers sa présence aérienne. 
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