POURQUOI CETTE NOTION FAIT-ELLE POLÉMIQUE ? EMERGENCE DE LA CONTROVERSE

09/06/2020

En 1997, le Protocole de Kyoto (1997) a posé un premier jalon en fixant des objectifs contraignants de réductions des émissions de GES pour les pays développés.

Comme nous l'avons vu, le GIEC a estimé à 2% la contribution de l'aérien dans les émissions de GES au niveau international alors même que le Protocole n'inclut pas l'aviation internationale comme contributeur laissant le soin à l'OACI de fixer au secteur les obligations.

Cette particularité ouvre le champ à de multiples discussions quant à la pertinence des actions proposées et la difficulté de bâtir un consensus autour de mesures globales de réduction des émissions de GES de l'aviation.

Ainsi, par essence, on peut considérer que la controverse trouve son origine dans l'écart entre le discours universel des accords internationaux et le fait que le secteur aérien n'ait pas d'obligation associée.

Elle est renforcée par un scepticisme sur l'impact des activités aériennes sur le réchauffement climatique étant donné sa faible contribution en valeur absolue aux émissions de GES globales.

Nous avons choisi de cibler la période 2000-2020 pour observer l'émergence et l'évolution de la controverse liée à la compensation carbone dans l'aérien car cette période voit se dérouler une forte actualité et des décisions politiques auxquelles elle fait écho:


En 2006, la controverse autour du film d'Al Gore "Une vérité qui dérange" a attiré les critiques et mobilisé les climato-sceptiques. Ainsi, le journaliste Ronald Bailey discute dans le magazine libertarien Reason que bien que « Gore décrive des faits scientifiques plus vrais qu'inventés, il exagère les risques ». D'autres parlent d'un « « mensonge qui arrange » au lieu d'une vérité qui dérange.


    > Sur la période 2005- 2010, le profil Google Trends montre un trafic important pour les mots clés "compensation carbone" et "marché carbone" ce qui correspond à une période active où la controverse prend appui.

https://trends.google.fr/trends/explore?date=all&geo=FR&q=%2Fm%2F073q1g,flygskam,%2Fm%2F03mddcx 



La latitude laissée aux acteurs économiques pour la mise en place de projets de compensation volontaire pose question sur la nature de leurs intentions

La recherche d'une image « éco-responsable » revêt une importance capitale dans le jeu concurrentiel. Il est dès lors très difficile pour le public de faire la part des choses entre ce qui relève d'un réel effort environnemental et ce qui relève d'un simple habillage. Il est aussi très difficile d'établir des comparaisons d'efficacité entre entreprises, puisqu'il s'agit de démarches individuelles. Les accords privés peuvent comporter de réels effets pervers lorsque l'ensemble des victimes de la pollution n'est pas représenté dans l'accord.

Ces accords offrent peu de garanties en terme d'efficacité environnementale et peuvent être un prétexte à un ajournement de mesures plus contraignantes. Cette approche est de plus très sensible au contexte socio-économique, où en période de crise, la priorité peut aller préférentiellement à la préservation de l'emploi ou au développement économique plutôt qu'à la protection de l'environnement. Ces accords sont le résultat d'un rapport de force entre les différents acteurs et tout particulièrement entre les pouvoirs publics et les professionnels.

Tout récemment, l'actualité du COVID a donné une nouvelle dimension à la controverse au-delà du thème de la compensation carbone.

L'aide de l'état de 7 Milliards d'euros accordée à Air France a provoqué de vives polémiques quant à l'absence de contre-partie demandée à la compagnie pour un engagement dans la transition verte.

Article Reporterre du 28 mai 2020


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